Rôle des acteurs et dynamiques régionales
Par Jean Proulx, Lucie Dumais, Jacques Caillouette et Yves Vaillancourt
Cahier 06-12 – Juin 2006 – 217 pages
Nous sommes maintenant arrivés à la fin d’un parcours de plus de quatre années d’une recherche portant sur les services dans le domaine des personnes ayant des incapacités au Québec. Cette étape ultime a consisté à produire une analyse globale de l’ensemble du matériel maintenant à notre disposition. En somme, il s’est agit de produire une synthèse de l’ensemble du matériel recueilli, mais également d’en faire une analyse à partir d’un certain nombre de concepts clés nous permettant d’en tirer des conclusions.
Au Québec comme dans la plupart des pays occidentaux, on a assisté, à partir du début des années 1980, à un vaste mouvement de désinstitutionnalisation et de non institutionnalisation. Jusque-là confinées à l’institution, ce mouvement visait à faire en sorte que les personnes ayant des incapacités puissent vivre, comme toute autre personne, dans la communauté, qu’elles aient accès aux mêmes services et aux mêmes activités que la population en général et ainsi favoriser leur plus grande intégration sociale. Au Québec, la Loi favorisant l’exercice des droits des personnes handicapées (1978) et, quelques années plus tard, la politique gouvernementale À part…égale (1984), ont été les fers de lance de ce mouvement. Parallèlement à ce mouvement, on a également assisté, partout dans le monde, à une redéfinition des politiques publiques en vertu desquelles l’État n’a plus désormais le monopole de l’offre de services d’intérêt public, mais la partage de plus en plus, à des degrés divers, avec d’autres acteurs, qu’il s’agisse du secteur privé, des organismes du secteur de l’économie sociale ou des familles. Dans ce contexte de reconfiguration de l’État-providence et des politiques publiques, nous nous faisons, au LAREPPS, les promoteurs d’un modèle de développement pluriel, c’est-à- dire d’un modèle dans lequel on fait place à cette pluralité d’acteurs, notamment les organismes du secteur de l’économie sociale. Ce modèle, que nous qualifions également de « démocratique et solidaire », s’inscrit en opposition au modèle « néolibéral », qui s’appuierait principalement sur le secteur privé et qui voudrait tout « marchandiser », ainsi qu’au modèle « social-étatiste », qui ne miserait que sur l’État pour l’offre de services d’intérêt public.
Ce sont les résultats de cette vaste recherche que nous avons entreprise en 2000 sur les services aux personnes ayant des incapacités au Québec que nous présenterons dans ce rapport. Nous verrons notamment comment cette exigence d’intégration et de participation sociales accrue pour les personnes ayant des incapacités se traduit par une transformation des pratiques sur le terrain, en mettant notamment à contribution les organismes communautaires et les familles dans les services de soutien dans la communauté.