pour une plus grande participation sociale des personnes vivant avec une déficience intellectuelle
Par
Jean Proulx et Lucie Dumais
Cahier 10-05 – Avril 2010 – 94 pages
La politique ministérielle de 2001, qui promeut la participation sociale des personnes ayant une déficience intellectuelle, invite les centres de réadaptation à agir davantage en soutien aux différents « milieux de vie » des personnes et, par ce fait, à s’ouvrir à plus de collaboration avec d’autres acteurs sociaux et politiques: familles d’abord et autres établissements publics de santé et services sociaux ensuite, mais aussi milieux scolaires et de l’habitation, centres de la petite enfance, organismes communautaires, municipalités. Il existe déjà diverses initiatives du genre, mais on sait peu de choses, notamment des motivations et des modalités organisationnelles et de collaboration des acteurs.
Trois objectifs principaux ont été poursuivis dans la présente recherche :
- Documenter les initiatives ou pratiques émergentes en matière d’insertion en emploi et en habitation au Québec de manière systématique ;
- Approfondir ce qui constitue une amélioration de la participation sociale ;
- Observer comment les acteurs impliqués dans les initiatives documentées s’arrimentaux programmes et politiques d’emploi, d’habitation et de revenu.
Nos résultats s’appliquent essentiellement au champ de la déficience intellectuelle et pour les personnes vivant avec une déficience légère ou modérée.
Notre méthode de recherche s’est déployée en trois étapes. Nous avons constitué un répertoire de 112 initiatives en maximisant son exhaustivité. Nous avons administré un questionnaire permettant de bien caractériser 74 d’entre elles (taux de réponse de 66 %). Nous avons enfin documenté en profondeur 11 initiatives à l’aide d’entrevues et de visites (cinq dans le domaine résidentiel et six dans le domaine socioprofessionnel).
Depuis le début des années 2000, de nouveaux besoins se font jour, reflétant, d’une part, les nouvelles aspirations des personnes vivant avec une déficience intellectuelle et celles de leurs parents, surtout avec l’arrivée de la nouvelle génération, et, d’autre part, les nouvelles représentations que l’on se fait des personnes vivant avec une déficience intellectuelle. Plus de personnes aspirent à travailler, à vivre une vie « comme tout le monde »; et si ce désir ne se traduit pas toujours par le souhait de se retrouver en emploi régulier, il se manifeste dans la volonté d’exercer une activité utile à la société. Ces aspirations s’élèvent également par rapport à l’habitation puisqu’une grande majorité des personnes vues dans la recherche souhaite vivre en logement, à court ou à long terme, par opposition au modèle de l’hébergement qui dominait au cours des décennies précédentes. La présence de nouveaux acteurs dans l’offre de services, particulièrement les organismes communautaires, a pris une ampleur nouvelle. Les CSSS sont présents, mais leur rôle demeure mineur, centré sur des services psychosociaux courants et de la référence, et on peut se demander pourquoi ils semblent plus démunis que les CRDITED dans le nouveau partage des responsabilités. Enfin, des passerelles intersectorielles se forment entre la santé, l’éducation et l’habitation, dans une vision plus concertée des actions ministérielles pour réaliser la politique de 2001, mais elles demeurent rares. En outre, on assiste encore à des arrangements variables selon les régions.