Par Lucie Dumais et Jean Proulx
Cahier 04-22 – Automne 2006 – 184 pages
[Extrait p. 158] La complexité des réseaux de services spécialisés et de services non spécialisés étant conjuguée à des pratiques historiques bien ancrées et souvent assez inertes (parfois même séculaires dans le champ de la déficience sensorielle), la tâche de tracer un portrait exhaustif des services aux personnes handicapées à Montréal n’a pas été facile. Il existe beaucoup de documentation grise sur la région, des données de toutes sortes, mais celle-ci est très éparpillée et fragmentée. Le travail de planification est plus élaboré qu’ailleurs, mais les pratiques sur le terrain sont telles que les plans donnent une image souvent floue de la réalité. En outre, la région est l’arène de nombreux conflits entre établissements, entre secteurs, et au sein du milieu communautaire et alternatif, qui retardent l’intégration du réseau et l’atteinte des objectifs, que ce soit en déficience physique, en déficience intellectuelle ou en santé mentale.
Mais la demande de services est aussi très forte et le mouvement associatif très présent. Certes, Montréal constitue un centre névralgique en ce qui concerne les services spécialisés aux personnes handicapées (diagnostic, traitement et réadaptation), les écoles spéciales et le transport adapté. On y retrouve aussi un très grand nombre de groupes communautaires dédiés ou de regroupements nationaux. Mais la région abrite une plus forte proportion de personnes aux limitations multiples que toute autre région québécoise, et près de 6 % de plus de personnes âgées ayant des incapacités. Montréal accueille aussi bon nombre de personnes utilisatrices de services résidant à l’extérieur de la région. C’est aussi la région où l’on trouve le plus fort taux de personnes handicapées très scolarisées, mais en même temps plus de personnes handicapées qui se disent incapables de travailler ou de personnes handicapées qui vivent seules.