Intervention auprès des personnes seules, à faibles revenus et à risque de marginalisation sociale dans les quartiers centraux de Montréal
par Christian Jetté, Luc Thériault, Yves Vaillancourt, Réjean Mathieu
en partenariat avec Norma Drolet, Daniel Labesse, Yves Girard, Claude Roy
Cahier 97-08 – Février 1998 – 230 pages
Le mot «itinérance», dans le contexte montréalais, recouvre généralement plusieurs problématiques: problèmes de logement, de toxicomanie, de santé mentale, etc. Par ailleurs, les véritables itinérants (au sens étymologique) sont rares: ceux et celles qu’on désigne ainsi sont plutôt des personnes sans domicile fixe ou permanent. L’expérience montréalaise d’intervention auprès de ces personnes a démontré que la possibilité d’un logement stable constitue souvent le point de départ et le coeur d’une démarche de solution, à tout le moins pour les personnes qui peuvent faire preuve d’un minimum de capacités d’autonomie dans la vie quotidienne. En même temps, cette démarche exige une intervention fondée sur une approche de liens d’entraide et de solidarité, bref, de soutien par le groupe, le tout dans une perspective globale d’appropriation du pouvoir qu’on désigne souvent par le terme d’«empowerment».
C’est dans cette perspective que la Fédération des OSBL d’habitation de Montréal (FOHM) a été créée en 1987, il y a donc maintenant dix ans déjà, afin de promouvoir une intervention axée sur le logement social avec support communautaire et de regrouper des organismes sans but lucratif poursuivant les mêmes objectifs.
Au printemps 1995, un groupe de personnes intéressées par cette formule d’intervention et désireuses d’approfondir l’évaluation de ses résultats se réunissaient pour élaborer un projet de recherche en ce sens. Le besoin s’en faisait d’autant plus sentir dans une conjoncture globale de redéfinition du rôle de l’État, qu’à la base de cette formule d’intervention, on peut signaler un constat, établi par plusieurs intervenants et intervenantes, à l’effet que les solutions institutionnelles ne représentent pas nécessairement, surtout pour le type de personnes hébergées par les OSBL regroupés dans la FOHM, une formule d’avenir. Ce constat repose essentiellement sur le fait que ces solutions institutionnelles s’adressent plutôt, de par leur nature, à des personnes moins autonomes, qu’elles tendent souvent à être lourdes, qu’elles sont coûteuses, et surtout, qu’elles sont peu susceptibles de conserver l’autonomie des personnes et encore moins de la développer. D’où le besoin de mieux connaître les résultats de l’intervention de logement social avec support communautaire, et du même coup, de progresser dans l’identification du profil des personnes ciblées.
Ce groupe initiateur du projet était alors composé de Norma Drolet et Pierre Legros du conseil d’administration de la FOHM et de Daniel Labesse et Yves Girard du CLSC du Plateau-Mont-Royal. Dans les semaines qui ont suivi, ils ont fait appel à deux chercheurs, Yves Vaillancourt et Réjean Mathieu, du Laboratoire de recherche sur les pratiques et les politiques sociales (LAREPPS) du Département de travail social de l’Université du Québec à Montréal.