Rapport d’étape portant sur des initiatives destinées à des personnes éprouvant des problèmes de santé mentale
par
Jean Proulx, Marie-Noëlle Ducharme, et Stéphane Grenier
Cahier 13-06 – Juin 2013 – 93 pages
Le présent cahier présente les résultats préliminaires d’une recherche portant sur l’évolution des formules de logement social destinées à des personnes vulnérables. Cette recherche, intitulée Vivre en zone frontalière : hybridation entre les formules de logement social et d’hébergement destinées aux personnes vulnérables, a consisté en l’examen de 36 ensembles résidentiels réalisés dans le cadre du programme AccèsLogis et s’adressant à cinq populations différentes (filières) : les personnes âgées, les personnes ayant des problèmes de santé mentale, les personnes ayant une déficience physique, les personnes ayant une déficience intellectuelle et les personnes à risques d’itinérance. La recherche est née d’une demande et d’un besoin exprimés par le Réseau québécois des OSBL d’habitation. Elle est financée par les instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) et par le Fonds de recherche en santé du Québec (FRSQ). Elle a été réalisée en partenariat avec le Réseau québécois des OSBL d’habitation, la Société d’habitation du Québec, le ministère de la Santé et des Services Sociaux, le centre de réadaptation Normand-Laramée et la Ville de Montréal.
Le présent texte présente les résultats de notre investigation à partir de l’étude de sept ensembles résidentiels s’adressant à des personnes aux prises avec un problème de santé mentale. Les autres filières à l’étude font, tout comme ici, l’objet de rapports distincts. Par hybridation, on entend essentiellement les processus d’emprunts d’un univers à l’autre (Boyer, 1998), ici, entre l’hébergement et le logement. Les dimensions examinées touchent les contextes de développement des ensembles résidentiels, les conditions d’attribution des logements, les conditions de séjour, les aménagements, l’offre et l’organisation des services et les représentations (dimensions symboliques du logement).
Ce working paper se présente en quatre chapitres. Le premier chapitre présente les objectifs de la recherche. Le second chapitre présente le contexte et le cadre d’analyse. Le chapitre 3 présente la méthodologie et le quatrième chapitre présente les résultats eux-mêmes. L’analyse révèle que les initiatives sont très majoritairement le fait d’organismes communautaires ou d’établissements publics intervenant en santé mentale (dont deux centres hospitaliers psychiatriques). Dans les ressources en logement social, les principaux emprunts à l’univers de l’hébergement se manifestent surtout dans les conditions d’entrée (être classé malade mentale, avoir un suivi psychiatrique) et dans les conditions de séjour (baux de complaisance, obligation de suivre un plan d’intervention, etc.). La diversité des configurations des projets et les trajectoires illustrent les processus d’hybridation à l’œuvre. Bien que plusieurs se soient inspirés des courants associés au « housing first », on demeure souvent prisonnier d’une certaine approche de « réadapation », et les positionnements concrets à l’égard du droit au logement et au « chez soi » demeurent souvent flous ou sujets à des compromis parfois boîteux.