Le transfert de l’innovation sociale à la Maison Carpe Diem:  

entre volonté individuelle et contraintes institutionnelles 

par Marie-Ève Carpentier,
Jean-Vincent Bergeron-Gaudin et Christian Jetté
Cahier 13-07 – Juin 2013 – 49 pages

Ce cahier du LAREPPS s’inscrit dans un projet de recherche plus large ayant pour but de dégager les conditions de transfert des innovations sociales produites par les milieux communautaires vers le secteur public. Divisé en deux grandes parties, il poursuit plus précisément l’objectif de décrire et d’analyser les pratiques novatrices de la Maison Carpe Diem – Centre de ressources Alzheimer, implantée à Trois-Rivières et les initiatives prises, afin de les transférer dans d’autres ressources du secteur public.

La première partie vise à décrire de manière détaillée la pratique afin d’en circonscrire les caractéristiques et d’en baliser la portée. Nous reprenons les principales étapes d’émergence et de développement de cette pratique qui innove sur le plan de l’accompagnement des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, en s’éloignant de la perspective traditionnelle de « soins » pour considérer la personne dans sa globalité. Nous exposons par la suite sa mission et ses objectifs, les formes d’intervention préconisées et l’organisation du travail qui rendent possibles la mise en application de l’approche promue par Carpe Diem. Nous jetons également un regard sur le financement de l’organisme, les processus démocratiques mis en place à l’interne et les rapports entretenus avec les partenaires externes. Nous terminons en mettant en relief les principaux éléments novateurs de la pratique.

La seconde partie rend compte de l’analyse que nous avons développée concernant les formes de transferts initiées par les acteurs favorables à la diffusion de l’innovation, notamment celles liées aux formations livrées au Québec et à l’étranger par la direction de Carpe Diem. Nous abordons aussi la question centrale des contraintes susceptibles de freiner ces transferts et les stratégies qui pourraient permettre de les surmonter. Nous remettons ces facteurs institutionnels dans le contexte plus général de l’implantation au sein de l’État québécois de pratiques managériales issues de la Nouvelle gestion publique (NGP). Enfin, nous terminons par un bilan et une mise en perspective de l’expérience de Carpe Diem afin de dégager quelques constats généraux sur les dynamiques ayant été à l’œuvre dans le cadre des tentatives de transfert, ainsi que sur les actions susceptibles de favoriser un plus large déploiement des pratiques innovantes de l’organisme au sein du secteur public.

Ce faisant, nous démontrons, d’une part, comment certains organismes communautaires ont la capacité de développer des pratiques novatrices qui répondent aux problèmes sociaux émergents et, d’autre part, que l’enjeu ne concerne plus désormais la reconnaissance des savoirs novateurs de Carpe Diem, mais plutôt leur transfert vers d’autres milieux et leur institutionnalisation au sein de politiques publiques. Cet enjeu révèle notamment les logiques divergentes autour desquelles le milieu communautaire et le secteur public sont structurés et, plus largement, la complexité du processus de transfert qui demande de relever plusieurs défis.


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